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Verkehrswende-Radar : comment évolue la décarbonation des mobilités en Allemagne ?

Rédigé par Bianca Phan Ban | 27 nov. 2025

Agora Verkehrswende est un groupe de réflexion basé à Berlin qui vise à promouvoir une mobilité respectueuse du climat. Sans affiliation politique et à but non lucratif, il collabore avec des acteurs clés des domaines de la politique, des affaires, du monde universitaire et de la société civile afin de décarboner le système de transport. Dans ce but, l'équipe du groupe de réflexion élabore des stratégies et des recommandations politiques fondées sur des données factuelles.

Compte tenu de la mission de ce think-tank, il était donc naturel de travailler en partenariat avec eux pour l'intégration des données vélo dans le rapport que le think tank propose : Le Verkehrswende-Radar . Ce rapport fournit des indicateurs clés pour le développement du système de transport. Voici quelques enseignements tirés de ce dernier rapport.

Résultats clés

Le rapport Verkehrswende-Radar donne une vue d’ensemble de l’évolution de tous les modes de transport – voiture, train, transports publics, vélo et marche – et met en évidence les changements de comportement de mobilité. Il permet ainsi de voir si les mesures politiques, les programmes de soutien ou les tendances sociétales produisent réellement un effet.

Au deuxième trimestre 2025, le volume de trafic cycliste reste stable à un niveau élevé. Les données indiquent un trafic situé à 103 % de la valeur de référence de 2019 pour les itinéraires utilitaires, soit une légère hausse par rapport à la période pré‑pandémique. Sur les itinéraires de loisirs, très fréquentés le week‑end, la valeur atteint 95 %. Après le pic d’usage du vélo loisir pendant la pandémie, la fréquentation se stabilise donc progressivement à un niveau un peu plus bas sur ce type de trajets.

D'où viennent les données et ce qu'elles montrent

Pour le trafic cycliste, le Radar s’appuie sur des données issues des systèmes Eco‑Compteur. Elles sont complétées par les données de précipitations du service météorologique allemand, afin de mesurer l’impact des conditions météo sur la pratique.

L’analyse repose sur 147 points de comptage, dont 102 itinéraires utilitaires et 45 itinéraires de loisirs.

Définitions :

  • Itinéraires utilitaires : pics nets les jours ouvrables (matin / fin d’après‑midi), faible saisonnalité
  • Itinéraires de loisirs : saisonnalité plus marquée, forte part du trafic le week‑end

Évolution entre 2019 et 2025

Après les fortes variations observées pendant la crise sanitaire, le trafic cycliste s’est normalisé à un niveau comparable à 2019. Depuis 2022, le trafic vélo moyen stagne, malgré quelques pics ponctuels.

L'enquête 2023 Mobilität in Deutschland (Mobilité en Allemagne) le confirme : la part modale du vélo au niveau national stagne à 11 %. Le nombre de trajets quotidiens à vélo est de 28 à 29 millions, soit un niveau comparable à 2008 et 2017.

Météo & saisonnalité : Pourquoi le 1er trimestre “surperforme” souvent

Depuis 2022, le Radar montre une augmentation de trafic sur chaque premier trimestre (par rapport à 2019). Cela tient notamment au fait que Q1 2019 avait été particulièrement faible dans de nombreuses grandes villes.

En parallèle, des précipitations plus faibles (par exemple au T1 2022 et au T1 2025) ont joué un rôle important : les trimestres présentant plus de 20 % de pluie en moins qu’en 2019 enregistrent des hausses de trafic plus marquées, en particulier sur les itinéraires de loisirs.

"Deutschland Ticket" : quel impact réel ?

La baisse supposée du trafic cycliste autour de l’introduction du Deutschlandticket peut être largement expliquée par des effets saisonniers. Les études estiment que seulement 1 à 2 % des trajets ont été transférés du vélo vers les transports publics, soit un impact très limité en réalité.

Des trajets plus longs grâce aux vélos électriques

Selon les données d’Agora Verkehrswende, environ 20 % de tous les trajets à vélo sont désormais effectués avec assistance électrique. La longueur moyenne des trajets est passée de 3,9 km (2017) à 4,3 km (2023), ce qui indique que les vélos à assistance électrique sont de plus en plus mobilisés pour des distances plus longues.

Pour autant, la répartition modale ne montre pas d’augmentation significative de la part du vélo dans le trafic global depuis la généralisation des VAE.

Pour analyser plus finement l’effet des vélos électriques – sur la longueur des trajets, les temps de parcours, le choix du mode de transport et les besoins en infrastructures – il vaut la peine de se pencher sur une étude récente de l’université de Wuppertal.

Ce que les communes et les régions peuvent faire maintenant

  • Densifier le réseau de compteurs permanents : viser au moins 1 à 2 points de comptage quotidiens par aménagement cyclable principal, en ajoutant les principaux hotspots de loisirs.
  • Définir des indicateurs de performance : Trafic Journalier Moyen, heures de pointe, profils journaliers, indices désaisonnalisés, ajustement météorologique.
  • Mettre en place un dispositif “avant / après” : réaliser des comptages 6 à 12 mois avant puis après les transformations d’infrastructure ou les mesures temporaires (“pop‑up”).
  • Créer de la transparence : des tableaux de bord publics et des Eco‑DISPLAY renforcent l’acceptation, soutiennent la communication et facilitent les demandes de subvention.
  • Décliner les objectifs de répartition modale : fixer des objectifs annuels locaux, les documenter dans des rapports sur la mobilité et les étayer par des données de comptage.

Conclusion

Le radar de la transition des transports met en évidence un trafic cycliste stable en 2025 pour les déplacements du quotidien et plus fluctuant sur les usages de loisirs. 

Les effets météorologiques, les initiatives autour de la démocratisation du train (Deutschlandticket) et la diffusion des vélos électriques expliquent certains phénomènes, mais la stabilisation du trafic vélo est réelle. La progression durable viendra de réseaux cyclables sûrs et continus, de carrefours bien aménagés, et d’un suivi systématique des données.

👉 Pour plus de détails, vous pouvez consulter le rapport complet (en allemand) ici