5 enseignements de l’analyse des vitesse des cyclistes
Un profil presque parfait
Ce qui frappe en premier dans l’analyse menée, c’est la courbe presque parfaite que forme la vitesse des usagers. Sur un grand nombre de mesures effectuées, on observe une convergence vers une courbe harmonieuse, les comportements humains s’harmonisant. La grande majorité des cyclistes roulent tranquillement, à une vitesse moyenne de 20km/h. On observe peu de divergence à cette moyenne, avec une absence de pics de faible ou forte vitesse.

Peu d’écarts entre pays malgré des contextes différents
Fait notable également : malgré une diversité de contextes culturels encadrant l’utilisation des vélos, notamment à assistance électrique, on se déplace à vélo en France, en Allemagne ou en Suède de façon très similaire. Cette étude s'est basée sur des centaines de compteurs en France, Suède, Allemagne, Canada, Espagne, Etats-Unis,
Les cyclistes roulent-ils trop vite ?
L’analyse globale révèle que 40% des cyclistes roulent à moins de 20km/h en semaine, un chiffre qui monte même à plus de 50% le week-end.
Cette vitesse moyenne cache des disparités fortes : le matin, les cyclistes roulent plus vite, pour se rendre au travail ou déposer les enfants à l’école. L’après-midi, la vitesse baisse : c’est l’heure des balades, ou des déplacements moins contraints. Les cyclistes qui roulent à plus de 12km/h représentent ainsi 5% du total à 7 h mais 12 % à 14 h.
Les cyclistes roulent plus vite en semaine que le week-end
La vitesse moyenne relevée est de 21km/h en semaine, contre 19,9km/h le week-end, confirmant la tendance des cyclistes à rouler plus doucement en fin de semaine, pour des usages récréatifs ou de balades.
Un pic de vitesse… matinal
En analysant la vitesse par heure (pondérée par la fréquence), on observe que les cyclistes ont tendance à rouler le plus vite sur le créneau 3h-4h du matin, puis ralentissent en moyenne. Ce comportement est très certainement directement corrélé avec la fréquentation globale des aménagements: plus la piste est fréquentée, plus la vitesse moyenne diminue. La diminution du trafic motorisé la nuit permet aussi probablement aux cyclistes de rouler plus vite.

Intéressé pour connaître les vitesses des cyclistes sur votre territoire ?
Réduire les conflits d’usage grace à la collecte de données, leur croisement et leur analyse
La collecte, le croisement et l'analyse des données de vitesse permettent de vérifier si une mesure fonctionne (zone 30, 80 km/h, 50 km/h sur voie rapide), de détecter les zones de conflit et de rassurer les habitants en s’appuyant sur des faits plutôt que sur des ressentis. Elles sont indispensables aux techniciens et aux élus pour prendre des décisions éclairées.
Grenoble et la limitation de vitesse sur les trottinettes
En France, les trottinettes électriques et les VAE sont limités à 25 km/h. À Grenoble, une campagne de mesure a montré qu’environ un quart des trottinettes dépassaient cette limite, donc qu’une large majorité respecte la réglementation (source : https://www.ledauphine.com/transport/2024/10/03/a-grenoble-25-des-trottinettes-roulent-trop-vite).
Les mesures permettent de répondre factuellement à des remarques du type « les trottinettes roulent toutes trop vite ». Si beaucoup d’usagers dépassent 25 km/h sur un axe donné : cibler des contrôles, revoir le partage de la voirie, renforcer la signalisation. Si la majorité respecte la limite : mettre l’accent sur la cohabitation (aménagements, marquages, communication) plutôt que sur des mesures uniquement répressives.

Sur chaque axe, le profil de vitesses aide à prioriser les politiques publiques entre :
-
un simple rappel de la règle,
-
une campagne de contrôle,
-
ou une modification de l’aménagement.
Ces villes qui ont réduit la vitesse des véhicules motorisés
Réduire la vitesse des véhicules motorisés est l’un des leviers les plus efficaces pour protéger les usagers vulnérables (piétons, cyclistes, utilisateurs de trottinettes).
Le risque de décès pour un piéton heurté diminue fortement entre 50 et 30 km/h. (source: https://ville30.org/le-concept-de-ville-30/30-kmh-et-securite/).
- L’abaissement à 80 km/h sur le réseau secondaire français a permis de réduire la mortalité sur les routes concernées (source : https://doc.cerema.fr/Default/doc/SYRACUSE/15639).
- À Paris, le passage à 50 km/h sur le périphérique s’accompagne déjà d’une baisse des accidents, des embouteillages et du bruit selon les premiers bilans de la Ville de Paris et de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).
- De nombreuses grandes villes ayant généralisé le 30 km/h (Paris, Grenoble, Lille…) observent une diminution des accidents et des gains en qualité de vie (bruit, confort des piétons et cyclistes).
Là encore, les informations de vitesse des différents usagers sont précieuses pour prendre les bonnes décisions :
-
Avant la mesure : choisir où abaisser la limite de vitesse.
-
Après la mesure : vérifier son efficacité réelle et ajuster si besoin.
Les aménagements adaptés pour chaque apprentissage tiré des données
Les vitesses observées varient fortement selon le contexte :
- un aménagement partagé très fréquenté par les piétons fait naturellement baisser la vitesse des cyclistes,
- une voie large et rectiligne incite au contraire à rouler plus vite.
Les données de vitesse, croisées avec la fréquentation, permettent de voir où les vitesses pratiquées ne sont pas compatibles avec les usages souhaités et :
- Agir sur la géométrie des carrefours
- Choisir entre espaces dédiés ou partagés
Concrètement, si la vitesse reste élevée malgré la présence de piétons : envisager une séparation des flux (piste cyclable dédiée, trottoirs élargis). Si la vitesse des vélos est naturellement modérée : un espace partagé bien signalé peut suffire.

Les bonnes données pour les bonnes décisions
Les données sur la vitesse des cyclistes servent à mieux comprendre leurs besoins et à aménager des villes plus sûres et plus fluides.
Concrètement, pour une collectivité, les données de vitesse permettent de :
-
Prioriser les rues où une zone 30 ou 80 km/h est nécessaire.
-
Adapter les rayons de courbure et la largeur des voies là où les vitesses restent trop élevées.
-
Choisir entre espaces partagés ou séparés en fonction des vitesses et de la fréquentation piétonne.
Vous souhaitez utiliser ces données pour vos projets ?
Au delà des chiffres, obtenez un outil complet pour mesurer, analyser et agir et ainsi développer et sécuriser les mobilités actives en ville, en toute transparence et efficacité.
FAQ
Pourquoi certains cyclistes semblent rouler vite ?
Une vitesse perçue comme élevée peut cacher un aménagement inadapté (piste trop étroite, visibilité réduite). Nos données montrent que seulement 5% des cyclistes dépassent 25 km/h en conditions normales. Plutôt que de sanctionner, améliorons l’infrastructure !
Comment interpréter une vitesse de cyclistes élevée ?
Si la vitesse moyenne observée sur votre territoire est supérieure à 20km/h, plusieurs éléments peuvent l’expliquer. Une vitesse moyenne élevée peut indiquer une largeur de piste confortable, une topographie favorable, un bon état de la chaussée, ou encore des usages spécifiques type livraison/coursiers à vélo.
Croiser cette information avec la fréquentation vous indiquera également si la vitesse élevée est liée à un trafic cycliste ou motorisé faible.