Mesure de la fréquentation automobile, vélo et piétonne dans le Grand Parc Miribel Jonage  (Lyon) pour gérer et protéger un parc naturel urbain

Le Grand Parc Miribel Jonage est un parc de 2 200 hectares situé entre le sud du département de l’Ain et l’agglomération lyonnaise, qui est à la fois un espace de loisirs et de détente, ainsi qu’une réserve en eau potable pour 95% de la région lyonnaise et un site au patrimoine naturel exceptionnel : il est classé site Natura 2000, Espace Naturel et Sensible, et Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF).

La gestion et l’animation du site dans toute sa diversité d’objectifs est faite par la Segapal, dans le cadre d’une Délégation de Service Public. Cette gestion et cette animation comprennent 4 missions principales :

– protection de l’agglomération lyonnaise face aux crues,

– protection de la ressource en eau potable,

– protection du patrimoine naturel,

– accueil du public, à travers un plan d’eau, une base de loisirs (L’atol’) et un centre pédagogique dédié à l’environnement (L’îloz’)

Au sein de la SEGAPAL, Christophe Jarraud est le directeur du service « Aménagement & gestion de patrimoine ». Ce service travaille sur la gestion du parc au quotidien dont le patrimoine se compose de 27 00 m² des bâtiments et de quelques 150km de voiries, pistes et sentiers repartis sur les 2200ha d’espaces naturels en gestion différenciée.

L’animation et le développement du parc sont portés par un autre service de la SEGAPAL qui organise et met en œuvre des actions très diverses autour des loisirs nautiques et terrestres (golf, tir à l’arc, VTT, etc), de la pédagogie à l’environnement et de l’éducation au territoire et des évènements sportifs, culturels très nombreux…

Ces actions sont destinées aux différents publics qui fréquentent le parc : Individuels, familles, groupes scolaires, centres sociaux et entreprises.

Nous l’avons rencontré pour comprendre l’utilisation faite par le Grand Parc Miribel Jonage des données de comptage.

Utilisation des données de comptage auto pour prendre les meilleures décisions de préservation du parc

Au niveau routier, le parc est équipé de 5 compteurs à vocation routière (en rouge sur la carte ci-dessous), dont un à transmission automatique des données installés entre la partie nord et la partie sud du parc. Ce compteur permet d’analyser la circulation globale sur le parc mais aussi de suivre un trafic de transit qui le traverse.

Figure 1. Implantation des compteurs, crédit Christophe Jarraud, Segapal

 

Identifier et suivre le trafic de transit qui emprunte le parc

A proximité du parc, il existe en effet un des principaux nœuds autoroutiers de l’agglomération lyonnaise (entre l’A42 et la Rocade Est de Lyon), présentant un trafic pendulaire notamment entre l’autoroute et la ville de Genève. Les comptages ont permis de mettre en évidence un trafic de transit par le parc pour éviter les bouchons notamment dans les phases de saturations matinales sur les jours ouvrables.

On observe notamment le trafic de transit via le sens de passage, qui montre un pic d’entrée et de sortie très rapprochés. Ce double pic est présent en début et fin de journée.

Figure 2. Profil horaire du trafic par jour de semaine, crédit Christophe Jarraud, Segapal

 

Identifier la saturation du site en stationnement

Les données de fréquentation ont également permis de connaître le solde de voitures présentes sur site, et de constituer différents seuils de saturation du site : stationnements réguliers, stationnements sauvages et saturation du site. On observe ainsi que pour le dimanche étudié, aucun stationnement n’est possible entre 15h30 et 18h.

Figure 3. Profil horaire du trafic et seuils de saturation du site, crédit Christophe Jarraud, Segapal

 

Cette saturation est problématique, d’autant plus qu’elle a une incidence sur la circulation des bus qui ne peuvent plus accéder au parc. Et dans une logique de réduction de l’impact environnemental, il est primordial de favoriser l’accès via les transports au commun. Les données collectées donnent donc de la matières concrète qui permet d’appuyer les actions et politiques à mettre en œuvre pour éviter que ce phénomène se produise.

Afin d’éviter la saturation, des mesures correctives ont été mises en place, avec notamment la mise en place d’une ligne de bus express pour la desserte du parc, ce qui a eu pour impact de réduire par trois le temps de parcours nécessaire par rapport à une ligne classique. L’aménagement de 75km de pistes cyclables a également permis de réduire l’usage de la voiture personnelle pour se rendre sur le parc.

Mesurer l’impact des opérations de communication et signalisation visant à réduire la congestion du site

Les différents compteurs permettent de comprendre l’usage du site en estimant les répartitions globales de trafic entre les différentes entrées. L’équipe a pu identifier que 50% des accès se faisaient par l’entrée historique du site, à proximité de l’A42, contre 16 à 20% des accès par l’entrée du Machet.

L’objectif est de pouvoir rééquilibrer les entrées entre les accès historiques et de nouvelles entrées, pour réduire les mouvements de cisaillement et la congestion globale du site (car la majorité des entrées se fait par le nord du parc, alors que les destinations principales du parc sont au sud). Un travail de communication et de signalisation a été entrepris pour mieux orienter les visiteurs vers l’entrée du Machet, et les comptages permettent de mesurer l’impact de ces mesures.

Au global, les outils permettent donc d’orienter les politiques d’accessibilité routière au site naturel, en estimant la fréquentation et les usages.

Comptage « modes doux »

Suivi de l’entrée du parc via l’accès mode doux principal et analyse de l’itinéraire européen EV17 « Via Rhôna »

Le parc est également équipé de plusieurs compteurs vélos & piétons pour suivre les fréquentations du parc, et suivre la diversité des usages.

Un compteur mesure la fréquentation sur la voie principale d’accès au parc « modes doux ». Les fréquentations y sont importantes (350 000 passages/an environ), un trafic équivalent à ce qu’on retrouve dans le centre-ville de Lyon, bien que le site soit relativement excentré (8km). Le comparatif a été réalisé à l’aide des données ouvertes fournies par la Métropole de Lyon.

Un autre compteur vélo mesure le trafic qui emprunte l’itinéraire EuroVelo 17 « Via Rhôna » qui rejoint la Suisse à la Méditerranée, et traverse le parc à l’est.

En plus des comptages vélos, le parc mesure la fréquentation sur les deux sites gérés par la Segapal : la base de loisirs L’atol’ (qui comprend 25 activités différentes dont golf, aviron, sports nautiques, etc.) et le centre pédagogique dédié à l’environnement L’îloz’.

Fréquentation de la base de loisirs L’atol’

Les données de fréquentation permettent de suivre l’accueil du grand public ainsi que l’entrée de la base de loisirs pour les individuels et les groupes. Elles permettent de mesurer également l’impact des événements sportifs et culturels organisés sur la base de loisirs.

L’atol’ enregistre environ 300 000 entrées annuelles dont 1/3 pour l’office de tourisme et 2/3 pour l’accueil base de loisirs.

Crédit photo : Mathilde André

Fréquentation du centre pédagogique dédié à l’environnement L’îloz’ et de la presqu’île de la Bletta

Aménagé à l’est du parc en 2015, le centre pédagogique L’îloz’ est également suivi par un compteur PYRO qui donne les tendances de fréquentation. Un autre compteur DALLES est implanté sur la presqu’île du parc où ont régulièrement lieu des activités d’éducation à l’environnement.

La presqu’île est distante physiquement du parking d’environ 500 à 800m et séparée également des lieux de détente, ce qui fait qu’elle attire un public spécifique. Grâce à l’antériorité dans les données (site équipé d’un compteur DALLES depuis 2006), on peut mesurer cette fréquentation spécifique, relativement importante en mi saison, périodes de l’année présentant des intérêts écologiques, mais plutôt stable en période estivale.

Dans l’optique d’étaler la fréquentation du site sur toute l’année, les données collectées permettent de valider la pertinence du développement des activités écologiques (observation des oiseaux migrateurs, castors, etc.), qui attirent bien un public différent, et participent à réduire le pic de fréquentation estival et la pression humaine associée.

Partage des données

La Segapal et le parc bénéficient également des données partagées par la Métropole du Grand Lyon, et notamment des points de comptage installés dans le cadre du réaménagement des berges du Canal de Jonage (2x20km viabilisés), à proximité immédiate du parc.

La Segapal fournit les données aux organismes membres du SYMALIM pour le partage dans les commissions techniques « mobilités » pour connaître les circulations, orienter les politiques de mobilité, et suivre la fréquentation globale et détaillée (commission « sécurité et fréquentation du site »). Les données de fréquentation du parc sont également communiquées plus largement avec le public, et dans les cadres des événements spéciaux.

 

A propos de la Segapal

Créée en 1979, la Segapal est initialement l’outil opérationnel du Symalim, syndicat propriétaire du Grand Parc Miribel Jonage. Ce syndicat regroupe un grand nombre d’acteurs différents : Département du Rhône, Département de l’Ain, Grand Lyon Métropole, Communauté de Communes de Miribel et du Plateau (CCMP), Communauté de Communes du Canton de Montluel (3CM) et les communes de Beynost / Décines-Charpieu / Jonage / Jons / Meyzieu / Miribel / Neyron / Niévroz / Rillieux-la-Pape / Saint-Maurice-de-Beynost / Thil / Vaulx-en-Velin / Villette d’Anthon / Villeurbanne.

La Segapal aménage, gère et anime au quotidien ce site d’exception de plus de 2200 hectares et 3,5 millions de visiteurs par an, un des plus grands parcs périurbains d’Europe.

Depuis 2012 et sa transformation en société publique locale SPL, elle met cette expertise au service de la préservation et de la valorisation des espaces naturels publics de toutes ses collectivités actionnaires. Avec elles, la Segapal cultive et partage un ADN commun : le développement durable de ce territoire du Rhône amont dans ses dimensions environnementales, sociales et économiques.