Entre 2017 et 2018, l’usage du vélo a progressé de 6% sur l’échantillon étudié. En regardant plus précisément, on observe que la pratique du vélo utilitaire a augmenté de 7%, tandis que la pratique du vélo « loisir » de seulement 3%. La croissance a été la plus forte en Pologne, au Chili, en République tchèque, en Suède et au Luxembourg. Tandis que Lille, Vancouver, Oslo, Bâle et Berlin (parmi d’autres) ont enregistré eux la plus forte croissance au niveau des villes.
L’analyse de ce jeu de données extrêmement conséquent fournit des informations intéressantes sur les différences par région. Nous avons pu ainsi observer qu’à Gdansk, sur le littoral polonais, en moyenne 35% de vélos supplémentaires sont comptés sur un week-end par rapport à un jour de semaine, ce qui suggère que ce trail est principalement utilisé pour la pratique loisir. Les pics horaires sont également différents d’un pays à l’autre. En Suède, le trafic vélo quotidien enregistre un pic relativement tôt dans la journée (7h du matin et 16h), en comparaison de l’Allemagne, où le pic est visible à 9h du matin et 18h.
En se concentrant exclusivement sur le loisir ou les heures habituelles de pratique du vélo, notre analyse – comme la majorité des aménagements cyclables – fait l’impasse sur le nombre important de personnes qui utilisent leur vélo pour se déplacer pendant que le reste d’entre nous dorment.
Moins étudiée et moins débattue, la pratique nocturne du vélo fait pourtant face à des défis spécifiques. Les cyclistes sont par exemple moins visibles des conducteurs, et moins susceptibles de voir les obstacles sur la route comme les nids de poule. Même les aménagements cyclables les plus récents sont souvent basés sur des infrastructures existantes, sans éclairage spécifique.
Pourtant, d’après le CAA, au Canada, 1 décès de cyclistes sur 3 se produit la nuit, ou avec lumière artificielle, ce qui renforce le besoin d’infrastructures sécurisées pour ces usagers vulnérables.
Un vélo passe devant un compteur et afficheur Eco-DISPLAY Classic à Montréal, au Canada.
Le nombre de cyclistes nocturnes vous surprendra sans doute. Beaucoup de villes enregistrent en effet plus de 10% du trafic total la nuit, en lien avec les 10% de la population dans certains pays qui travaillent sur des horaires non conventionnels.
Dans les villes qui possèdent des aménagements cyclables développés, les vélos sont une vraie option pour les personnes qui rentrent des restaurants, du bar, ou toute autre activité nocturne.
A Munster en Allemagne, près de 10% des trajets vélos totaux ont lieu entre 22h et 6h du matin – soit près de 1 200 vélos comptés chaque nuit. Le samedi soir, ces chiffres doublent pratiquement, avec plus de 2 000 vélos comptés chaque nuit, ce qui représente près d’un quart du trafic total de la journée !
Une nuit fréquentée au Restaurant & Bar Pier House à Munster en Allemagne Crédit photo : Muensterland.de
On observe une tendance similaire dans la ville d’Hamilton au Canada. Avec 500 000 habitants, Hamilton possède l’université McMaster avec 32 000 étudiants. 11% des comptages vélos à Hamilton sont enregistrés entre 22h et 6h du matin, une proportion plus importante que pour n’importe quelle autre ville au Canada.
Peut-être que l’Index de l’année prochaine pourra analyser le pourcentage de ces trajets nocturnes qui débutent au bar étudiant vs ceux qui débutent à la bibliothèque !
Les cyclistes de la ville de New York sont également fidèles à la réputation de la ville pour l’insomnie. Depuis quelques années, la ville enregistre un véritable boom cycliste. On estime en Moyenne à près d’un demi-million de trajets effectués à vélo chaque jour, le triple de ce qui était observé il y a 15 ans, expliqué en partie par la mise en service des Citi Bike. Aujourd’hui, 11% des trajets à vélo ont lieu durant la nuit. Différents facteurs peuvent expliquer ce phénomène. Tout d’abord, New York est un « hub » économique, qui implique un nombre significatif d’industries qui s’appuient sur les travailleurs nocturnes ; deuxièmement, « la ville qui ne dort jamais » est renommée pour sa vie festive nocturne, tous les jours de la semaine ; dernièrement, le mode de vie « à la demande » des New-Yorkais a engendré une augmentation importante des livraisons à vélo et vélocargo, à toute heure du jour, et de la nuit.
Un utilisateur de CitiBike roule à vélo dans New York la nuit Crédit photo : Motivate
L’importance de la pratique du vélo la nuit mérite que les gestionnaires et aménageurs urbains continuent de développer l’approche basée sur les données et l’appliquent également au trafic nocturne. Dans les années à venir, le vélo est voué à continuer son expansion. Il est donc grand temps de mettre davantage en lumière les cyclistes nocturnes et de créer les aménagements adaptés pour eux également.
